Le siècle d'Assia
Marguerite Bérard« L'histoire de mon grand-père se fond dans celle du XXe siècle. Né à
Rovno, en 1903, dans une famille juive et profondément russe, il a
entendu, enfant, ses parents discuter à voix basse de l'influence de
Raspoutine sur la tsarine. Plus tard, il s'est battu contre les
miliciens de Petlioura, est parti pour échapper aux pogroms, a construit
des maisons à Tel-Aviv et s'est engagé dans l'armée française. Puis il a
longtemps mené la vie simple d'un artisan parisien qui fabriquait des
bracelets-montres en cuir à Belleville, où il est mort, le 25 décembre
1999, rue de Palestine. Tout le monde l'appelait Assia. Nous, ses
petits-enfants, l'appelions Papi Assia. Assia est le diminutif de
Menashe, nom dérivé de Manasseh, l'une des douze tribus d'Israël. Il
signifie «oublieux». Ce n'était pas un nom très adapté à la personnalité